STYLE ET CULTURE POP
INTERVIEW : ALISHA BOE + TOMMY DORFMAN
Par Style Feed Staff, 25 mai 2018
Au cas où vous n’en auriez pas entendu parler (à se demander où vous vous cachiez l’année dernière), la série Netflix 13 Reasons Why connaît un succès retentissant. Avec un mystère qui se dévoile au fur et à mesure, et Selena Gomez comme productrice exécutive, on ne s’attendait pas à moins. Avec la sortie imminente de la saison 2, le magazine ASOS a tenu à s’entretenir avec deux des personnages principaux, Tommy Dorfman [Ryan] et Alisha Boe [Jessica] pour parler de sexualité, de racisme et d’acceptation de soi.

La série offre un tel miroir sur la vie des ados d’aujourd’hui que beaucoup de gens en ont peur – qu’est-ce que vous avez pensé en lisant le script ?
Tommy : Je me souviens m’être dit : « Merde, il faut que j’aie ce rôle. Je n’ai aucune expérience, mais je veux absolument raconter cette histoire, d’une manière ou d’une autre. »
Alisha : On savait que ça allait créer de la polémique à cause des sujets abordés, mais on a eu des réactions vraiment partagées – négatives et très positives. Les gens sont mal à l’aise parce qu’ils ne veulent pas voir des ados confrontés à ce genre de chose et ils n’ont pas l’habitude que ce soit présenté de manière si réaliste, mais c’est ce qui se passe dans les lycées en 2018.


Comment avez-vous abordé la deuxième saison ?
A : J’ai eu la même réaction [que tout le monde] – on a écouté toutes les cassettes d’Hannah, qu’est-ce qu’on peut faire de plus ? Mais il restait tellement de choses à explorer. On a entendu l’histoire d’Hannah et on avait besoin de connaître sa version des faits. Mais il reste plein d’histoires non résolues.
T : Il faut savoir faire la part des choses. En écoutant la version de Zach et de Ryan, on découvre toutes les facettes de l’histoire.
Qu’est-ce que vous avez appris de la réaction du public ?
A : Le tournage de la première saison a été une sorte de cours intensif sur la question des droits des femmes, des agressions sexuelles et du viol. J’ai commencé à être plus honnête avec moi-même et me demander : « Est-ce que c’est une agression ? Est-ce que c’est du harcèlement ? » Ça a ouvert le dialogue avec ma mère, ma famille et mes amis proches.
T : J’ai appris à quel point les ados pouvaient se sentir fragiles et j’espère que la série saura montrer aux gens que tout le monde peut prendre la parole, quel que soit son âge.

Quelles histoire ne voit-on pas assez à la télévision selon vous ?
T : Celles des personnes handicapées. Des gens m’ont contacté pour me dire : « Tu penses que les handicapés auront plus de visibilité dans la saison 2 ? » C’est une réalité qu’on ne voit pas souvent représentée à la télé et, quand c’est le cas, c’est souvent par des acteurs qui n’ont pas de handicap. C’est comme les acteurs gays : on ne leur laisse pas jouer les rôles principaux d’homosexuels dans les films ou séries.
A : C’est injuste parce que les acteurs hétéros jouent à la fois les hétéros et les gays.
T : Ouais, ils ne sont pas catalogués. Je dis pas que les hétéros ne peuvent pas jouer un personnage gay, mais on devrait permettre à plus d’acteurs homos de jouer des rôles d’hétéros et les laisser être honnêtes sur leur sexualité. 99 % des personnages sont hétéros et 90 % des personnages gays sont joués par des hétéros.

Photos: Daria Kobayashi Ritch , Stylisme Natalie Michaelides & Luke Raymond
Êtes-vous devenus amis dès le premier jour de tournage ?
A : 13 Reasons Why a été un succès immédiat, personne n’était préparé pour les conséquences sur notre vie privée. Je suis vraiment reconnaissante d’être dans la série, mais il faut apprendre à vivre un peu différemment. Ma vie a tellement changé depuis deux ans et c’est dur à gérer sur le plan personnel. Je me sentirais vraiment seule sans Tommy.
T : Je ne sais pas ce que je ferais sans Alisha. C’est pour elle que j’ai déménagé ici [à LA]. C’est mon alliée. On doit tous les deux faire face à des frustrations dans cette industrie. C’est elle que j’appelle quand j’ai besoin de me plaindre et c’est important. On a le droit d’être frustré de temps en temps.